Figure majeure du théâtre flamand, Guy Cassiers peut compter sur l’excellence de la troupe de la Comédie-Française pour cette tragédie de Racine. Et Bérénice ouvre de multiples voies de réflexion à ce metteur en scène dont le théâtre interroge l’histoire européenne, la prégnance des discours politiques mais aussi la dimension humaine dans les affaires d’État et les résonnances actuelles avec le répertoire.
Dans cette intrigue réduite à sa plus simple expression, la beauté de la langue contraste avec la confusion des émotions d’un triangle amoureux. Titus, qui aime et est aimé de Bérénice, est face à un dilemme quand il devient empereur de Rome à la mort de son père car le Sénat réfute toute union avec une reine étrangère. Guy Cassiers oppose une Bérénice forte à la lâcheté de Titus et de son ami Antiochus, également épris d’elle et qui tentera de retarder l’implacable échéance de son départ.
Avec cette Bérénice, Guy Cassiers signe l’alliance d’un grand classicisme dans le texte et d’une remarquable modernité visuelle. Reconnu pour sa maîtrise des technologies de l’image et leur imbrication dans les enjeux dramaturgiques, il imagine le lieu de l’intrigue – la chambre de Titus et celle de Bérénice, « antichambre où le temps semble suspendu » – en évolution permanente selon les états psychiques des personnages, grâce à des images projetées en ayant recours au mapping et à l’intelligence artificielle. La acteurs et actrices de la Comédie-Française porteront ainsi la langue de l’auteur au sein d’un environnement fluide, au cœur du conflit entre responsabilité politique et intimité, et en lien avec la question cruciale qu’il pose : « Comment se dire adieu ? »
Avec Alexandre Pavloff, Suliane Brahim, Jérémy Lopez, Julien Frison (distribution en cours)
Production Comédie-Française
© Collection Comédie-Française